nobody knows where they might end up. (matt et rick)

On dit parfois à tort que les chirurgiens sont insensibles, qu’ils ne ressentent aucune émotion face à la détresse des patients et de leurs proches. C’est entièrement faux, la vérité c’est qu’ils ressentent trop d’émotions et qu’on ne peut les laisser submerger les médecins qu’ils sont. Bien évidemment que perdre un patient est une terrible épreuve, bien sûr que devoir annoncer à une famille un décès est une épreuve traumatisante et à plus d’un égard. Seulement, il y a une règle à respecter, ne pas craquer, rester fort pour les vivants, pour ceux qui ont besoin que l’on reste en pleine possession de ses moyens. Et dans le monde de l’insensibilité, on peut aller chercher le docteur Wilson, un mur de glace apparent, mais il n’en est rien, car en réalité, il sait ce que cela fait de perdre quelqu’un, il sait que c’est une épreuve que l’on doit apprendre à digérer, et quand il était lui-même résident, ses titulaires lui ont fait suivre des cas perdus d’avance, pour lui apprendre à gérer ses émotions, à ne pas fuir les sentiments qu’il pouvait ressentir. Il avait eu horreur de cela, et au contraire, ça n’a fait que durcir son cœur déjà bien fermé par la douleur ressentie depuis trop longtemps maintenant.

Et c’est avec une profonde tristesse qu’il sort du bloc opératoire, après avoir annoncé l’heure du décès face à une patiente qui malheureusement n’aura pas survécu pour une résection d’une tumeur cardiaque. L’oncologue avait prévenu la famille que l’opération était risquée, avec des risques de décès très élevés. Mais la patiente, n’avait pas d’autres choix, elle mourrait à petit feu, et l’opération était sa seule chance de survivre. Elle avait accepté, et au lieu d’avoir encore un mois à vivre, elle n’en a plus. Ce qu’il déteste son travail dans ces moments-là.

Alors qu’il arrive dans la salle d’attente, il retrouve le mari de la patiente, s’approche de lui pour lui faire face et lui annoncer la mauvaise nouvelle.

— Monsieur Darabont, je suis désolé de vous apprendre que votre femme n’a pas survécu à l’opération… et immédiatement les pleurs commencent, la sidération n’aura pas duré longtemps. Elle a fait un arrêt cardiaque durant la résection et nous n’avons pas pu la réanimer. Il marque une pause le médecin, parce qu’il doit ravaler lui aussi le sanglot qui menace de sortir. Je vous présente mes condoléances.

Alors qu’il parle avec l’homme quelques minutes pour le soutenir, il finit par s’éloigner et retire son calot fétiche de ses cheveux, il le chiffonne et le met dans la poche de sa tunique bleue marine. Il a envie de pleurer, il a besoin de s’éloigner et de retrouver la quiétude des bras de son copain.

Cela fait des jours qu’ils n’ont pas pu se retrouver longtemps, entre les gardes de Rick et celles de Matt, tenter d’avoir un moment à deux est mission impossible. Alors il se dirige vers l’aile de la pédiatrie de l’hôpital et se renseigne auprès d’une infirmière pour savoir où se trouve le docteur Deveraux. Elle lui apprend rapidement qu’il est en consultation avec une enfant dans une chambre hospitalisée et qu’il devrait revenir sous peu à son bureau.

Maverick s’est glissé dans une salle de repos qu’il a trouvée vide et guette à la porte l’arrivée de Matthew, et quand il le voit, un sourire illumine son visage, celui d’un homme qui retrouve sa moitié, qui retrouve celui qu’il aime. Il se cache et quand il l’arrive, il l’attrape par le poignet afin de le tirer dans la pièce qu’il verrouille derrière eux, et il se jette sur lui, venant dévorer ses lèvres par les siennes.

— Salut beauté, qu’il vient lui susurrer du bout des lèvres tout en venant lui retirer sa blouse blanche qu’il met à terre tout en venant glisser ses mains sous son haut juste par la suite.

Insensible vous dites ? Non. Trop sensible, et pour éviter de se mettre à pleurer, de penser à la tristesse, il vient voir la seule personne capable de le consoler, de l’aider à ne pas se sentir comme une merde et là tout de suite, il a besoin de le sentir contre lui, de pouvoir l’avoir rien qu’à lui.

— Il va avoir encore mal un peu mais ce n'est qu'une mauvaise chute. Plus de peur que de mal. dit-il, l'air rassurant à une mère paniquée à l'idée que son fils perde l'usage d'un bras. Matthew avait usé de ses prouesses de médecin et il n'y avait plus qu'à attendre. Par chance, il n'avait jamais eu à gérer des cas lourds. Il les évitait, esquivait même, ne voulant pas se confronter à la mort prématurée. Il était fort pour les petits bobos ou remonter le moral, même à ceux dont la vie ne les épargnait pas, même petit. Il retournait à son bureau, relayant l'affaire à un collège. Il avait commencé au beau milieu de la nuit, sans réellement avoir de pauses. Mais c'était le deal pour pouvoir rester un maximum avec son neveu le week-end. Ne pas dire non aux nuitées la semaine. Et instinctivement, il se dirige vers la salle de repos. La porte close, il le voit et d'instinct, il sourit de plus belle. Les idées lui viennent en tête. Ils ne s'étaient pas vus depuis un moment, seuls. La prote verrouillée, il accueille avec plaisir ses lèvres. — Salut beau gosse, lâche-t-il avec un petit sourire mutin. Il savait très bien ce qu'il voulait, là, maintenant, tout de suite et il savait très bien qu'en ce moment, Maverick pouvait aussi lire dans ses pensées. Dans la communion, il se débarrassa de son haut d'uniforme vert, révélant son torse échauffé par ses caresses. Il plongea sa tête dans son cou, humant son odeur. — Tu m'as tellement manqué. Il en avait même rêvé ; des rêves tranquilles, des rêves plus salaces même. L'envie de prendre des vacances et de se barrer au loin sans responsabilités. — Tous seuls, sans la crainte d'être dérangé... souffla-t-il d'un air coquin. Ils n'étaient pas à l'abri que quelqu'un frappe à la porte mais pour le coup, ils l'avaient bien bloqué de l'intérieur. Et il ne fallait pas être naif : les rumeurs couraient, et il était courant que la salle de repos serve à autre chose que le repos en question. — Laisse moi te détendre... dit-il alors qu'il s'accroupit face à lui.

Il se retrouve avec lui, avec l’homme qu’il aime, et son cœur se calme, le maelstrom d’émotions qu’il avait en lui se dissipe, le calme revient, la douceur des baisers échangés, la délicatesse des souffles qui se posent sur leurs peaux alanguies par l’absence de ces derniers jours. Il est heureux de le retrouver, de pouvoir passer du temps avec lui. Ce n’est peut-être pas bien, mais il s’en moque, il a besoin de lui, il a besoin de le retrouver.

— Salut beau gosse, qu’il lui répond avec ce petit sourire insolent aux lèvres, avec cette mutinerie sur son beau minois.

C’est ce même sourire qui l’a fait craquer, c’est cette gentillesse et ce côté joueur qui lui plaît tant. Il est tout ce qu’il n’est pas lui-même et les contraires s’attirent. Là où Matthew est la flamme qui réchauffe, Maverick est la glace qui congèle. Mais ensemble, ils sont cette communion parfaite, une union qu’il n’avait pas avec son ex-femme, une union qui lui permet de vivre pleinement.

Matthew d’ailleurs se débarrasse complètement de son haut de tunique vert avant d’être torse nu, sujet aux attaques des caresses du chirurgien qui n’hésite pas à venir saisir entre ses paumes les pectoraux tant désirés.

— Tu m'as tellement manqué, souffle-t-il en venant glisser son nez dans son cou, délivrant des myriades de frissons dans le corps du châtain.

— Toi aussi tu m’as manqué.

C’est la vérité. Maverick aimerait pouvoir passer plus de temps avec lui, mais avec l’hôpital, et leurs responsabilités de parents, c’est compliqué. Rick a un bébé et Matt un adolescent, autant dire que c’est loin d’être simple de conjuguer vie adulte et vie de famille.

— Tous seuls, sans la crainte d'être dérangé…

— Le rêve complet, qu’il vient susurrer tandis que l’autre vient se mettre à genoux devant lui.

Il ne s’attendait pas à cela, et encore moins à voir son pantalon finir par terre.

— Laisse moi te détendre…

Bien sûr qu’il va dire oui, bien sûr qu’il en a envie, alors il va même encore plus loin.